Bobard qui lave plus blanc que blanc : L’émir blanchi

Bobard qui lave plus blanc que blanc : L’émir blanchi

22 février 2016 | Bobards d'Or 2016

Dans les médias, un délinquant ou un terroriste ne saurait avoir de race, surtout s’il est d’origine africaine ou maghrébine. Après les attentats du 13 novembre à Paris, les journalistes se sont empressés de présenter le mentor des djihadistes comme un Français de souche converti à l’islam.

[colored_box bgColor=“#f9d309” textColor=“#333333”] Can­di­dat : Jean-Marc Ducos, jour­na­liste au quo­ti­dien Aujourd’hui en France / Le Pari­sien[/colored_box]

Si l’on se contente de lire les titres, comme le font des mil­lions de lec­teurs, l’histoire est simple :

Oli­vier Corel : un nom et un pré­nom qui fleurent bon le ter­roir. Comme son lieu de rési­dence : l’Ariège.

Son rôle dans les médias : celui d’émir, le géné­ral (ou prince) des troupes dji­ha­distes en France. Les jour­na­listes ne se sont même pas aper­çus que, dans la construc­tion de leur contre-feu média­tique, ils repre­naient la vision raciste d’un Blanc for­cé­ment chef avec des Magh­ré­bins sous ses ordres.

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Le sur­nom d’« émir blanc » va donc appa­raître avec une belle una­ni­mi­té dans les titres des médias après les atten­tats. En seule­ment deux mois, du 13 novembre au 13 jan­vier 2015, les jour­naux de la presse natio­nale ou régio­nale vont uti­li­ser 110 fois ce sur­nom dans leurs titres en se copiant les uns les autres !

Les médias sur inter­net ne sont pas en reste puisque le sur­nom d’« émir blanc » va appa­raître plus de 300 fois, rien que dans les titres, en seule­ment deux mois !

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Pour com­prendre le bobard, il faut remon­ter à l’article qui a employé ce sur­nom pour la pre­mière fois : il est signé de Jean-Marc Ducos, jour­na­liste du quo­ti­dien Aujourd’hui en France / Le Pari­sien, en mars 2012.

Il écrit qu’Olivier Corel, est « sur­nom­mé par­fois “l’é­mir blanc” » sans que l’on sache par qui il est ain­si sur­nom­mé, ni d’où le jour­na­liste tire sa source. Trois jours plus tard, le 25 mars 2012, le quo­ti­dien suisse fran­co­phone Le Matin va pou­voir affir­mer sur la base de l’article du Pari­sien qu’Olivier Corel est sur­nom­mé avec cer­ti­tude l’émir blanc, lan­çant la machine à copier/coller jour­na­lis­tique et dif­fu­sant dans les titres de la grosse presse l’idée du men­tor Fran­çais de souche mani­pu­lant des dji­ha­distes d’origine maghrébine.

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Alors, où est le bobard ?

Le bobard se situe dans la dif­fé­rence entre ce que le titre induit et la réa­li­té des faits, car Oli­vier Corel n’est ni un chef spi­ri­tuel issu du ter­roir pour les ter­ro­ristes, ni même un Blanc. Ce n’est pas un Fran­çais de souche conver­ti : son vrai nom est Abdel Ilat al-Dan­da­chi. Il aurait fran­ci­sé son patro­nyme en obte­nant la natio­na­li­té fran­çaise en 1983. Il n’est en rien un Euro­péen ni même un Blanc, puisqu’il est né le 29 novembre 1946 à Homs en Syrie, dans une famille musul­mane de bédouins. Sa femme s’appelle Nadia, et elle est éga­le­ment syrienne. On est donc bien loin de l’émir blanc pré­sen­té par les médias.

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