Candidats : Hugo Clément et Yann Barthès (Canal+)
35 morts, plusieurs centaines de blessés : le 22 mars 2016, la Belgique est frappée par deux explosions à l’aéroport de Bruxelles et à la station de métro Maelbeek.
L’attentat survient 2 jours après l’arrestation de Salah Abdeslam à Molenbeek. La ville belge devient rapidement un sujet d’attention pour les journalistes. Les médias vont tenter de décrire Molenbeek comme une ville tout à fait normale, « on y rencontre les mêmes problèmes que partout ailleurs : le chômage l’insécurité, etc. »
Dans ce jeu de désinformation, la palme revient au Petit Journal dirigé alors par Yann Barthès, le pape incontesté de la « branchitude » de Canal+.
Le jeudi 24 mars 2016, soit le surlendemain des attentats de Bruxelles, Yann Barthès décide de réagir aux déclarations de Donald Trump qui affirmait que « Bruxelles est un désastre. C’était superbe, maintenant c’est un camp armé, où les habitants vivent un enfer au quotidien ».
Pour Yann Barthès cette déclaration est une « connerie » et pour vérifier que c’est bien une « connerie » il va demander à Hugo Clément, le Tintin grand reporter du Petit Journal, de donner son avis. Hugo Clément est sur la place de la Bourse à Bruxelles, et de là où il est, il peut le dire : «… c’est du grand n’importe quoi ».
Hugo Clément aurait pu évoquer la période post-attentat du 13 novembre 2015 : les rues de Bruxelles étaient désertes, les médias réduits au silence passaient des photos et des vidéos de chat… Mais Hugo Clément ne l’a pas fait.
L’inénarrable Yann Barthès a relevé une autre « connerie » : pour Fox news « … dans la communauté musulmane, la police n’a aucun accès dans ce quartier (Molenbeek), et beaucoup d’entre eux (les habitants de Molenbeek) ne sont pas en contact avec la police ». L’information est commentée par Donald Trump qui conclut en déclarant « la police a peur d’aller dans ce quartier ».
Dans un premier temps, le Tintin grand reporter du Petit Journal Hugo Clément interroge plusieurs habitants. Un micro trottoir, le moyen le plus facile pour biaiser un reportage. Les déclarations sont rassurantes, Molenbeek est une ville comme les autres. Une jeune femme, voilée comme la plupart de celles que le reportage laisse apercevoir, explique même que la cohabitation entre communautés se déroule parfaitement bien : « Ici, on vit en communauté entre musulmans, non-musulmans, religieux, non-religieux. Il n’y a pas de souci par rapport à ça. ». Le lendemain des attentats c’est un peu fort de café !
Hugo Clément va ensuite montrer le commissariat de Molenbeek, : « Donald Trump est mal renseigné, la police est présente ». Sauf qu’en y regardant bien, la police est en état de siège : impossible de s’approcher à moins de 20 mètres du poste de police, présence de militaires sur place, homme lourdement armé montant la garde, mais rien susceptible de choquer le grand reporter du Petit Journal.
Alors, pour avoir affirmé que Molenbeek est une ville où il fait bon vivre, alors que c’est le quartier où les attentats du 13 novembre ont été préparés et où l’un des auteurs se cachait, où Mehdi Nemmouche, l’auteur de l’attentat du musée juif de Bruxelles, a séjourné, où les formateurs de Chérif Kouachi, instigateur des attentats contre Charlie Hebdo, étaient installés, le Petit Journal mérite bien son Bobard « Tintin grand reporter ».
Bravo à #YannBarthès et @hugoclement pour leur performance. Ça valait bien un Bobard d’Or ! ► https://t.co/ze7LxQdkor #Bobards2017 pic.twitter.com/0GfeEZAP93
— Les Bobards d’Or (@bobardsdor) 7 février 2017