Cette année encore, Darmanin a débité une longue liste d’affirmations aussi péremptoires que fausses, que les médias (tout comme ses collègues du gouvernement) se sont bien gardés de contredire : les Darmaninades. Il faut croire que c’est une véritable passion pour le ministre de l’Intérieur que de prendre les Français pour des imbéciles.
Quelque mois après sa prise de poste à l’Hôtel de Beauvau, en novembre 2020, il annonçait au micro de Jean-Jacques Bourdin sur BFM :
« Il y a plein de gens dont je considère que ce qu’ils disent est idiot, cependant je me battrai jusqu’à la mort pour qu’ils puissent le dire », paraphrasant Voltaire.
Au journaliste qui lui demandait si des restrictions de la liberté d’expression n’étaient pas parfois nécessaires au respect de libertés d’autrui, Darmanin renchérissait :
« Si vous me demandez si en tant que ministre de l’Intérieur j’accepte que quelque chose qui me choque soit publié. La réponse est oui. »
Lorsque l’on observe les faits de l’année qui vient de s’écouler en revanche, il est bien difficile de croire que le ministre ait pu brandir une telle définition de la liberté d’expression (ou bien ne s’adressait-elle peut-être qu’à une partie seulement du spectre politique ?).
Rappelons que depuis l’indignation de la gauche suite au défilé du comité du 9 mai, à Paris, Darmanin a envoyé aux préfets une circulaire bien particulière (France Info). Les instructions qu’il y donne sont explicites : interdire d’office toute manifestation d’ultradroite, sans que soit justifié le risque de trouble à l’ordre public, ni même la possibilité d’incitation à la haine lors du rassemblement. Lorsque ces manifestations sont finalement autorisées par les tribunaux, qui reconnaissent que leur interdiction est infondée, Darmanin se dit scandalisé.
En décembre dernier, les Natifs avaient ainsi réussi à se rassembler devant le Panthéon pour rendre hommage à Thomas, sauvagement tué à Crépol, sans qu’aucun débordement soit observé. Darmanin avait tout de même déclaré en commission des lois (extrait vidéo) :
« Je suis scandalisé par la manifestation à Paris. Le préfet de police sur mon instruction l’avait interdite, la justice l’a autorisée ».
Drôle de conception de la liberté d’expression et de la séparation des pouvoirs…
“Je suis scandalisé par la manifestation [de l’ultradroite] à Paris”, affirme @GDarmanin.
“Le préfet de police, sur mon instruction, l’avait interdite et la justice l’a autorisée.”#DirectAN #Immigration #PJLImmigration pic.twitter.com/LMAYM3r596— LCP (@LCP) December 2, 2023
Au-delà de l’interdiction des manifestations, Darmanin a annoncé une myriade de dissolutions cette année. Interviewé sur France Inter au lendemain du drame de Crépol, il a notamment fait part de la dissolution de trois groupes parmi lesquels la Division Martel, dont le seul nom fait peur au ministre (3min45s de la vidéo). Il se félicite par la même occasion de l’interpellation de nombreux militants d’extrême-droite. Ces dissolutions sont aussi celles en décembre de la Citadelle à Lille (Le Figaro) et d’Academia Christiana.