Date du bobard : août 2019
Les bobardeurs : La Provence
Le 17 août 2019, les lecteurs marseillais attentifs de La Provence n’auront pas manqué de remarquer un drôle de détail dans une grande photographie traitant de la procession de l’Assomption.
La photo, prise par un photographe du quotidien local dans la cathédrale marseillaise dite « de la Major » avant le départ de la procession, montre une large foule de fidèles. Mais l’un d’entre eux a le visage flouté.
Or cette personne n’est pas un quidam. Il s’agit de Stéphane Ravier, membre du Rassemblement national, ancien maire du VIIe secteur de Marseille et actuel sénateur. Stéphane Ravier est candidat à la mairie de Marseille.
Ravier flouté, Ravier floué
La réaction de l’intéressé a évidemment été virulente.
Bonjour @laprovence,
Dans votre page sur la procession de la Major pour célébrer la Madone, vous avez flouté mon visage !
Ça vous prend souvent d’agir comme la Pravda de Staline ? Honte à vous !
Et vous vous étonnerez d’avoir moins de lecteurs chaque jour. pic.twitter.com/b5fkpTVNaH— Stéphane Ravier (@Stephane_Ravier) August 16, 2019
Sur les réseaux sociaux, l’émoi est large.
Stéphane Ravier envoie une lettre à Franz-Olivier Giesbert, directeur de La Provence, dans laquelle il s’alarme : « Cette décision volontaire […] est un véritable scandale journalistique et démocratique ! La Provence s’arroge-t-elle le droit de censurer un sénateur, représentant de la nation ? Va-t-elle m’effacer des photos comme Staline l’ordonnait dans la Pravda pour ses opposants ? »
Du côté des rédactions nationales, service minimum sur cette censure « allégée » indéfendable.
On note malgré tout le ricanement de Mathieu Molard, rédacteur en chef du média d’extrême gauche StreetPress.
https://twitter.com/MatMolard/status/1162462001030946819
BFM choisit un commentaire étonnant…
L’AFP publie une dépêche le jour même, évoquant ce floutage.
Le sénateur RN de Marseille Stéphane Ravier a protesté après que le quotidien La Provence a publié une photo d’une procession du 15 août, sur laquelle son visage, et uniquement le sien, a été flouté #AFP pic.twitter.com/rIENEHvmiI
— Agence France-Presse (@afpfr) August 17, 2019
Dans cette dépêche, ici traitée par FranceInfo, les journalistes admettent clairement que « les raisons du floutage restent obscures ».
Alors pourquoi ce floutage ?
Des explications… floues !
Même s’il s’était agi d’un zèle peu ordinaire visant à éviter une publicité électorale détournée (ce qui semble totalement injustifiable par ailleurs), Stéphane Ravier était présent dans la cathédrale sans aucun signe distinctif. Dès lors, comment expliquer ce floutage hallucinant ?
Réponse très partielle chez France Info : « Contacté samedi par l’AFP, le directeur départemental de La Provence, Guilhem Ricavy, a indiqué avoir appris les faits par un collaborateur du sénateur et avoir immédiatement “démarré une enquête”. Il s’agirait du fait d’un salarié, qui sera convoqué pour s’expliquer lundi. Ce floutage ne semble “pas pouvoir se justifier journalistiquement” et “il ne s’agit en aucun cas d’une demande de la direction ou de la rédaction en chef” du journal. »
Finalement, le 18 août, La Provence publie la photo non floutée accompagnée d’excuses à Stéphane Ravier.
Le quotidien évoque « une erreur de jugement d’une collaboratrice ». Une erreur de jugement qui ressemble totalement à un acte de censure politique. Et aucune sanction contre cette mystérieuse collaboratrice.
Reste plus qu’à prier pour que les élections municipales marseillaises soient traitées de manière neutre par La Provence et que les seuls Marseillais à voir flou à l’avenir soient les amoureux du pastis !