Darmanin prêche l’eau pure de la liberté d’expression et boit le vin de la répression

Darmanin prêche l’eau pure de la liberté d’expression et boit le vin de la répression

25 janvier 2024 | Bobards d'Or 2024

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Cette année encore, Darmanin a débité une longue liste d’affirmations aussi péremptoires que fausses, que les médias (tout comme ses collègues du gouvernement) se sont bien gardés de contredire : les Darmaninades. Il faut croire que c’est une véritable passion pour le ministre de l’Intérieur que de prendre les Français pour des imbéciles.

Quelque mois après sa prise de poste à l’Hôtel de Beau­vau, en novembre 2020, il annon­çait au micro de Jean-Jacques Bour­din sur BFM :

« Il y a plein de gens dont je consi­dère que ce qu’ils disent est idiot, cepen­dant je me bat­trai jus­qu’à la mort pour qu’ils puissent le dire », para­phra­sant Voltaire.

Au jour­na­liste qui lui deman­dait si des res­tric­tions de la liber­té d’expression n’étaient pas par­fois néces­saires au res­pect de liber­tés d’autrui, Dar­ma­nin renchérissait :

« Si vous me deman­dez si en tant que ministre de l’Intérieur j’accepte que quelque chose qui me choque soit publié. La réponse est oui. »

Lorsque l’on observe les faits de l’année qui vient de s’écouler en revanche, il est bien dif­fi­cile de croire que le ministre ait pu bran­dir une telle défi­ni­tion de la liber­té d’expression (ou bien ne s’adressait-elle peut-être qu’à une par­tie seule­ment du spectre politique ?).

Rap­pe­lons que depuis l’indignation de la gauche suite au défi­lé du comi­té du 9 mai, à Paris, Dar­ma­nin a envoyé aux pré­fets une cir­cu­laire bien par­ti­cu­lière (France Info). Les ins­truc­tions qu’il y donne sont expli­cites : inter­dire d’office toute mani­fes­ta­tion d’ultradroite, sans que soit jus­ti­fié le risque de trouble à l’ordre public, ni même la pos­si­bi­li­té d’incitation à la haine lors du ras­sem­ble­ment. Lorsque ces mani­fes­ta­tions sont fina­le­ment auto­ri­sées par les tri­bu­naux, qui recon­naissent que leur inter­dic­tion est infon­dée, Dar­ma­nin se dit scandalisé.

En décembre der­nier, les Natifs avaient ain­si réus­si à se ras­sem­bler devant le Pan­théon pour rendre hom­mage à Tho­mas, sau­va­ge­ment tué à Cré­pol, sans qu’aucun débor­de­ment soit obser­vé. Dar­ma­nin avait tout de même décla­ré en com­mis­sion des lois (extrait vidéo) :

« Je suis scan­da­li­sé par la mani­fes­ta­tion à Paris. Le pré­fet de police sur mon ins­truc­tion l’avait inter­dite, la jus­tice l’a autorisée ».

Drôle de concep­tion de la liber­té d’expression et de la sépa­ra­tion des pouvoirs…

Au-delà de l’interdiction des mani­fes­ta­tions, Dar­ma­nin a annon­cé une myriade de dis­so­lu­tions cette année. Inter­viewé sur France Inter au len­de­main du drame de Cré­pol, il a notam­ment fait part de la dis­so­lu­tion de trois groupes par­mi les­quels la Divi­sion Mar­tel, dont le seul nom fait peur au ministre (3min45s de la vidéo). Il se féli­cite par la même occa­sion de l’interpellation de nom­breux mili­tants d’extrême-droite. Ces dis­so­lu­tions sont aus­si celles en décembre de la Cita­delle à Lille (Le Figa­ro) et d’Academia Christiana.