Les Darmarinades font école ! La méthode a été amplement reprise cette année par les membres du gouvernement, à commencer par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. Dans les médias français comme à l’étranger, le ministre se targue des bienfaits que son passage à Bercy a apporté à l’économie du pays. Face à la perplexité de Sonia Mabrouk au vu de la différence entre les bons chiffres qu’il met en avant et le ressenti des Français, il assure « nous avons fait un travail formidable pour redresser notre économie depuis près de sept ans ». La journaliste elle-même lui rétorque « vous dites formidable malgré tout ce qu’on vient de passer en revue ? ».
De surcroit, sur Twitter, le ministre de l’Économie se dit épuisé du « pessimisme » et du « dénigrement national » des Français.
Depuis 2017, notre politique économique avec @EmmanuelMacron donne de très bons résultats. ↓
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) August 24, 2023
Il en appelle à la fierté collective et se félicite :
« Depuis 2017, la France a repris son destin en main et est redevenue la nation des possibles ».
Peut-être confond-il lui aussi, comme Darmanin, les baisses et les hausses ? La dette publique est en effet passée, depuis 2017, de 2218 à 2950 milliards d’euros. Pourtant, devant le Sénat, en novembre, Bruno Le Maire a affirmé défendre « depuis des mois » l’irresponsabilité que représenterait une augmentation continue de la dette :
« On ne peut pas rajouter de la dépense à la dépense, ce serait suicidaire pour l’économie française, ce serait suicidaire pour la nation française. Je veux une nation forte et une nation forte a des comptes publics bien tenus ». (source : videos.senat.fr)
La bonne tenue des comptes publics est effectivement une caractéristique majeure de l’action menée par Bruno Le Maire : le déficit public est passé de 60 à 125 milliards d’euros. Quant à la nation des possibles, certes, quelque chose d’inédit s’est produit en 2022 : la France a perdu sa souveraineté énergétique et est devenue importatrice nette d’énergie, ce qui n’était plus arrivé depuis 40 ans. Dans ce même fil Twitter, datant d’août dernier, il affirme que la croissance de la France entre 2017 et 2022 est supérieure à celle de nos voisins européens, dont l’Allemagne. Mauvaise pioche, la croissance de la France a atteint 6,92% pour la période contre 10,3% pour l’Allemagne (Banque mondiale).
Les bobards de Bruno Le Maire s’immiscent dans ses valises pour les Etats-Unis. Il y a notamment vanté l’attractivité de la France, qui serait « la nation la plus attractive pour les investissements étrangers en Europe » (Le Figaro). Or, le baromètre utilisé pour avancer de tels chiffres, celui d’Ernst & Young, est biaisé. Il recense le nombre de projets d’investissements étrangers sans prendre en compte l’indice démographique, qui ferait descendre la France à la cinquième place, derrière l’Irlande, le Portugal, la Belgique et la Finlande. En montant total des investissements, la France se classe même 7ème (Politis).
Mensonge ou déni, toujours est-il que le ministre de l’Economie persévère dans ses louanges chimériques. Rappelons d’autres indicateurs éloquents quant à la trajectoire qu’il a donnée à l’économie française. Le déficit du commerce extérieur s’élève à 143 milliards d’euros en 2022 contre 37 milliards en 2017 par exemple. La production industrielle, en volume, a dégringolé de 4,45 % par rapport à 2017, alors qu’elle avait au contraire augmenté de 1,2 % entre 2012 et 2017. Nous pourrions également relever les défaillances d’entreprises qui sont au plus haut depuis la crise de 2008, pas de quoi dire à qui veut bien l’entendre que la dette est le prix à payer d’une reprise économique admirable post-Covid…