Bobardeurs : l’ensemble des médias en lien avec Gérald Darmanin
Date : 28 mai 2022
Une manipulation politico-médiatique
C’est un bobard un peu spécial, technique, que nous vous proposons ici pour ces Bobards 2023. En effet, les candidats aux Bobards d’Or sont toujours des journalistes. Ici, nous restons bien entendu dans cette critique des mensonges et manipulations journalistiques mais nous mettons également dans notre cible un (sinistre) personnage politique : Gérald Daramanin.
En effet, le Ministre de l’Intérieur et les médias se retrouvent régulièrement à jouer un jeu très dangereux.
Gérald Darmanin, pour se dédouaner d’une incompétence terrible, accuse régulièrement d’autres acteurs ou entités d’être la cause des troubles que sa propre faiblesse tolère ou suscite.
Ces accusations, parfois totalement loufoques, sont souvent reprises sans trop de résistance par une presse aux ordres (ou très paresseuse). Ce qui permet au ministre de s’en sortir à peu de frais.
Cette coopération malsaine doit être dénoncée et c’est l’objet de ce bobard.
Nous avons choisi deux exemples parmi beaucoup d’autres pour illustrer cette technique bien rôdée.
Chaos total au Stade de France
Finale de la Ligue des champions 2022 au Stade de France entre Liverpool et le Real Madrid. Ce match se déroulant en Seine-Saint-Denis, des scènes de chaos incroyables ont lieu. Resquilleurs qui entrent par centaines, agressions et violences diverses, supporteurs anglais et espagnols violentés…
Le chaos est indescriptible et la honte internationale.
L’explication du gouvernement : la faute des Anglais
Mais, pour le gouvernement, ce ne sont pas les jeunes racailles des banlieues de l’immigration qui sont en cause… mais les supporteurs anglais !
Le relais des médias
Alors que Gérald Darmanin – contre tout sens commun – désigne les supporteurs anglais comme responsables, les médias se font l’écho complaisant de cette sortie stupéfiante.
Les journalistes se sont sans doute très vite rendu compte que les accusations de Gérald Darmanin étaient délirantes. Néanmoins, on a pu assister à l’utilisation d’un éventail de manipulations médiatiques pour tenter – consciemment ou non – de détourner l’attention des Français quant à la responsabilité du gouvernement.
Il y a d’abord la minoration de certaines chaînes d’info qui ne traitent pas l’affaire autant qu’elle le méritait.
Autre outil, l’évocation d’un simple problème d’organisation.
Puis est mise en avant l’idée qu’une grève du RER pourrait être responsable du chaos. Si l’idée est réfutée dans l’article, la mise en avant de cette possibilité n’est pas neutre.
Après coup, alors que les comparutions immédiates débutent, Le Monde réduit les graves crimes et délits à « une misérable histoire de pickpockets ». Incroyable.
Confrontée à l’évidence, l’AFP évoque, en minorant drastiquement le réel, la présence de « jeunes » et de « fans de football locaux ».
L’extrême droite est également pointée du doigt. Méthode politico-médiatique classique qui vise à faire de la critique du gouvernement un marqueur d’extrême droite.
À ce jeu-là, les médias ont fait très fort !
Cerise finale sur le gâteau pourtant déjà bien garni, Brice Couturier, ancien journaliste de France Culture et actuellement contributeur de plusieurs médias dont Le Point, évoque même un… sabotage russe !
Extraordinaire !
Une prise de conscience tardive
Les médias ont vite pris conscience du fiasco du Stade de France. Et la communication gouvernementale a été relayée avec beaucoup plus de distance que d’habitude.
Si les manipulations médiatiques ont été importantes mais limitées, c’est aussi parce que les réseaux sociaux ont rapidement joué un rôle important en révélant des images qui ne laissaient pas de place au doute sur l’identité des délinquants. C’est également parce que les médias anglais ont attaqué violemment le discours officiel français, forçant les journalistes français à fournir un travail à peu près impartial, passé le premier temps de soumission au récit gouvernemental.
La mécanique habituelle n’a donc pas suffi. Car, si le gouvernement s’en sort si bien d’habitude, c’est aussi et surtout à cause de la servilité des journalistes français. Cette mécanique s’est donc grippée.
Reste que Gérald Darmanin est toujours ministre de l’Intérieur et que les médias qui ont tenté de minimiser le fiasco sont toujours en place.
L’extrême droite et le match France Maroc
Pour détourner les yeux français des incroyables scènes de violences des supporteurs marocains, Gérald Daramanin a pu compter sur les jounralistes.
Au soir du match France-Maroc, le ministère de l’Intérieur a ainsi annoncé en grandes pompes médiatiques l’arrestation de plusieurs dizaines de membres de la très vilaine « ultra droite » !
Une annonce reprise avec délectation par tous les journalistes de gauche (ça fait du monde) pour montrer à leurs lecteurs que les supporteurs marocains n’étaient pas les seuls à poser problème.
Une manipulation évidente mais qui a très bien prise !
En tête de ce mouvement médiatique, Libé a fait preuve d’un zèle exemplaire !
Le Monde s’est également illustré !
D’autres médias se sont évidemment joints à la fête !
La réalité : une manœuvre grossière
Oui, il y a bien eu quelques rassemblements de militants de droite en marge du match. Mais il s’agit évidemment d’un épiphénomène comparé à la masse des divers « débordements » des supporters marocains !
Et, surtout, cette mise en scène politico-médiatique est en réalité un gigantesque soufflé !
Voyez plutôt plusieurs avis de policiers et de gendarmes réunis par le journaliste CNews Amaury Bucco :
🔴Après les débordements qui ont sévi en marge du match France/Maroc, Libération pointe la menace grandissante que font peser les groupuscules d’extrême droite sur la sécurité publique.
J’ai donc demandé à douze policiers/gendarmes ce qu’ils pensent de cette Une. Leurs réponses👇 pic.twitter.com/oWqZ77dMsT— Amaury Bucco (@AmauryBucco) December 16, 2022
Par ailleurs, Marc Eynaud, journaliste à Boulevard Voltaire, a livré quelques éléments factuels d’analyse qui permettent de montrer que cette affaire était montée en épingle :
Revenons tranquillement sur cette Une . Maintenant qu’on a chiffres et détails ⬇️⬇️ pic.twitter.com/vzcR8vP4u1
— Marc Eynaud (@Eynaud_Marc) December 19, 2022
« Revenons tranquillement sur cette Une. Maintenant qu’on a chiffres et détails.
700 interpellations d’individus en trois soirées. Durant : Maroc-Portugal, France-Maroc et France-Argentine. Une petite cinquantaine présente un profil d’ultra-droite. Dont 40 arrêtés préventivement à Paris et une dizaine à Lyon. 7% des interpellés.
Sur les 40 interpellés parisiens d’ultra-droite : 7 d’entre eux nécessitent une suite judiciaire, 33 ont été relâché sans charge aucune.
En bref une goutte d’eau dans les violences qui ont secoué la France et pendant lesquelles 120 policiers auraient été blessé. On parle de mains cassées, de tympans brûlés au 2nd degré et de tirs de mortier dans l’œil.
En bref, au vu de la réalité des événements : la Une de Libé est une blague. La Nupes a menti et Darmanin nous a refait un Stade de France.
15000 policiers déployés pour la finale. Pour un événement qui n’a ps lieu chez nous. C’est à peu près les effectifs déployés pendant le G7 à Biarritz. Ce sont les effectifs nécessaires pour assurer un semblant d’ordre pendant un match de football. »
Par ailleurs, alors qu’à Paris des militants de droite étaient arrêtés sans qu’aucune violence ne leur soit reprochée, à quelques mètres de là, des antifas agressaient des personnes portant des drapeaux français, en revendiquant publiquement ces agressions.
Pourquoi les médias et Darmanin n’évoquent-ils pas les milices antifas proches de LFI et leurs exactions dans Paris le soir de France-Maroc alors que celles-ci les revendiquent ? https://t.co/Z4F8tJ3PRn pic.twitter.com/uRopxSofuz
— Fdesouche.com est une revue de presse (@F_Desouche) December 16, 2022
Que ce soit dans le cas du fiasco du Stade de France, heureusement trop gros pour être caché, ou bien dans cette affaire des membres de la vilaine « ultra droite » semant le chaos dans les rues françaises, le procédé politico-médiatique est le même. Et il se retrouve dans de nombreuses autres situations. Pour éviter que son incompétence soit révélée, Gérald Darmanin trouve un coupable fictif sur lequel se défausser, et de préférence l’extrême droite ! Et, comme des petits toutous serviles fidèles à leur niche fiscale, les journalistes français se font les relais complaisants ou idiots (on ne sait quelle hypothèse est la pire) du discours du sinistre de l’Intérieur.
Pour le plus grand plaisir des équipes des Bobards d’Or qui, cette année, peuvent vous proposer un beau Bobard collaboratif « Darmanin-médias de grand chemin » !