La bobardite est de retour pour la XIIIe Cérémonie des Bobards d’Or

La bobardite est de retour pour la XIIIe Cérémonie des Bobards d’Or

La fon­da­tion Polé­mia orga­ni­sait ce lun­di 7 février sa XIIIe édi­tion des Bobards d’Or au théâtre du Gym­nase, à Paris. Une mise en scène humo­ris­tique où les plus gros men­songes média­tiques de l’année ont été mis à l’honneur.

Quoi de mieux qu’un des plus beaux théâtres pari­siens pour hono­rer comme il se doit nos fiers ser­vi­teurs du poli­ti­que­ment cor­rect ? Une ins­crip­tion en lettres d’or sur le fron­ton du théâtre accueille les par­ti­ci­pants : « XIIIe Céré­mo­nie des Bobards d’Or ». Des par­ti­ci­pants qui ont retrou­vé un peu de liber­té pour un moment de détente dans l’année. Avant (et après) la céré­mo­nie, une buvette désal­tère les spec­ta­teurs, et on retrouve Jean-Yves Le Gal­lou, pré­sident et fon­da­teur de Polé­mia, à la vente de son album des Bobards d’Or. Il prend soin d’expliquer aux nou­veaux venus le concept de cette piquante soi­rée : « récom­pen­ser les meilleurs des jour­na­listes, c’est-à-dire ceux qui mentent le mieux pour ser­vir le poli­ti­que­ment cor­rect ». Il fait connaître cette remise des prix via les réseaux sociaux prin­ci­pa­le­ment, car « les can­di­dats aux Bobards d’Or ne font pas connaître la céré­mo­nie des Bobards d’Or », iro­nise-t-il. Fran­çoise Mones­tier, secré­taire géné­rale de la fon­da­tion, annonce quant à elle une sélec­tion « par­ti­cu­liè­re­ment gra­ti­née cette année ». Cette mise en bouche n’est pas exagérée.

Une sélection prometteuse

Dans la salle, tout a été pré­pa­ré pour que les par­ti­ci­pants puissent voter le moment venu : des car­tons de cou­leur ont été posés sur les sièges, prêts à être bran­dis par les élec­teurs. Quen­tin, qui vient pour la pre­mière fois, a hâte de com­men­cer : « y a du niveau cette année ! ». Sur la scène, un tro­phée Pinoc­chio en bois (avec le nez pro­por­tion­né à sa légen­daire bobar­dise) et trois bobards, d’or, d’argent et de bronze, attendent sage­ment les heu­reux élus. Par­mi les par­ti­ci­pants, on retrouve des repré­sen­tants de médias décryp­teurs de la dés­in­tox, tels que TV Liber­tés, Occi­den­tis, Bou­le­vard Vol­taire ou Radio Courtoisie.

Et c’est sous les feux des pro­jec­teurs et sur fond de musique épique que des applau­dis­se­ments à tout rompre accueillent les pré­sen­ta­teurs de la soi­rée : Flo­riane Jean­nin et Jules Blai­seau, deux jeunes et dyna­miques jour­na­listes de TV Liber­tés. Puis le jury, qui a la dif­fi­cile mis­sion de dépar­ta­ger les can­di­dats, est com­po­sé de quatre émi­nents membres de la ter­rible « facho­sphère », autre­ment dit la Réin­fo­sphère : Nico­las Vidal, rédac­teur en chef du média Putsch, Mar­tial Bild « qu’on ne pré­sente plus », Nico­las Faure, pré­sen­ta­teur de l’émission I‑Média sur TV Liber­tés et enfin le moteur de la céré­mo­nie, Jean-Yves Le Gal­lou. Pour remettre cette « récom­pense pri­sée que seuls les meilleurs men­teurs peuvent s’honorer d’avoir reçu », Flo­riane Jean­nin et Jules Blai­seau révèlent les votes pré­li­mi­naires des inter­nautes, ce qui a per­mis d’éliminer déjà quelques can­di­dats. Par­mi ceux-ci l’AFP ou « Agence fran­çaise de pro­pa­gande » selon Jean-Yves Le Gal­lou, mais celui-ci ne s’avoue pas vain­cu et pro­met de les retrou­ver l’année prochaine.

Premier florilège des candidats

Le pre­mier can­di­dat sélec­tion­né est le pré­sen­ta­teur du JT de 20h sur TF1, Gilles Bou­leau, auteur du savou­reux Bobard « sale bou­leau » : celui-ci avait salué une crois­sance éco­no­mique digne des « Trente Glo­rieuses » pour l’année 2021, en occul­tant soi­gneu­se­ment de pré­ci­ser l’énorme défi­cit de 2020…  Par consé­quent, cette fameuse crois­sance éco­no­mique laisse tou­jours L’État dans la ligne rouge ! À ce prix-là, « c’est une erreur tel­le­ment basique que c’est évident que c’est une mani­pu­la­tion », sou­ligne Nico­las Faure.

Le deuxième bobard est le « doyen » selon Jules Blai­seau, il revient tous les ans : la com­mé­mo­ra­tion du « mas­sacre » du 17 octobre 1961, un mas­sacre qui aurait entraî­né la mort de 200 à 300 Algé­riens, alors qu’en véri­té, on n’a déplo­ré for­mel­le­ment ce jour-là que deux tués… Mais Mar­tial Bild est conscient que « pour la gauche, c’est une date sacrée ! ».

Le boba’réa est déte­nu par le « doc­teur Maboule », Gil­bert Deray, un méde­cin néphro­logue de pla­teau qui se pro­nonce sur la vac­ci­na­tion des enfants avec un aplomb incroyable. Les par­ti­ci­pants déplorent son obses­sion de vac­ci­ner les enfants le plus tôt pos­sible. Les rires moqueurs fusent dans la salle.

C’est Daniel Schnei­der­mann, soit-disant jour­na­liste décryp­teur, qui peut se tar­guer d’être l’auteur du Bobard 3 étoiles. Lors de la tri­bune des géné­raux publiée dans Valeurs Actuelles en juin 2021, il avait pani­qué devant cet « appel au putsch géné­ra­li­sé », qui n’était en fait qu’un appel à l’aide… Sa panique avait gagné les médias les plus émi­nents du ser­vice public. Mais Nico­las Vidal leur pré­dit un bel ave­nir : « ces gens sont dans la lune, mais je pense que la chute va être très lourde… ».

Enfin, le der­nier bobard de cette pre­mière par­tie est tout sim­ple­ment fan­tas­tique : Del­phine Ernotte, l’une des pre­mières femmes média­tiques de France, que France Télé­vi­sions peut se van­ter d’avoir comme pré­si­dente, réagit à la vio­lence des pro­pos d’Eric Zem­mour lors de ses vœux à la presse, en jan­vier 2022 et pleur­niche face à Léa Sala­mé sur France Inter. Elle en pro­fite pour louer le « plu­ra­lisme du ser­vice public », ce qui ne manque pas de faire bien rire les élec­teurs. N’aurait-elle pas oublié qu’Eric Zem­mour ou Marine Le Pen (tiens, tiens…) ont été inter­dits d’antenne sur plu­sieurs chaînes pen­dant longtemps ?

Un entracte bidonnant

Après cette pre­mière par­tie, Flo­riane Jean­nin et Jules Blai­seau pro­posent aux par­ti­ci­pants une courte vidéo sur la car­rière de Del­phine Ernotte, ain­si que sur la stra­té­gie du mil­liar­daire et copro­prié­taire du Monde, Xavier Niel. S’ensuit un témoi­gnage poé­tique et hila­rant de Jean-Eudes Gan­nat, fon­da­teur de l’Alvarium, un « odieux grou­pus­cule d’extrême-droite » d’Angers, qui vient en aide aux néces­si­teux, dis­sous par Gérald Dar­ma­nin, pour des rai­sons encore obs­cures… Sa pres­ta­tion est récom­pen­sée par les francs applau­dis­se­ments des spec­ta­teurs. Enfin, c’est Didier Roult qu’on appelle sur la scène, une tor­dante paro­die dégui­sée du doc­teur mar­seillais Didier Raoult, qui com­pare le virus média­tique au covid, en énon­çant miel­leu­se­ment ses variants, plus ou moins dan­ge­reux. Les rires vont bon train dans la salle, et sur la scène aussi.

Deuxième éventail des concurrents

En place pour la suite de la pré­sen­ta­tion des can­di­dats au Bobard d’Or. Et non des moindres une fois de plus.

Pour la sixième can­di­date, Amé­lie Rosique, pré­sen­ta­trice du fact-che­cking lors du débat Zem­mour-Mélen­chon de BFM TV, en sep­tembre der­nier, fait l’honneur de sa par­ti­ci­pa­tion. Elle y a toute sa place : elle a copieu­se­ment mini­mi­sé le chiffre de la fraude sociale avan­cé par Eric Zem­mour, en oubliant que ce der­nier avait non seule­ment rai­son, mais en plus confir­mait des dires récents de BFM TV elle-même ! Les rires grin­çants sont de mise.

A‑t-on le droit d’être can­di­date une seconde fois ? Il sem­ble­rait que oui. On peut donc se ras­su­rer, Amé­lie Rosique ne déroge pas à la loi. Car oui, c’est bien elle qui détient le sep­tième bobard, datant de la même soi­rée télé­vi­sée : Zem­mour ayant avan­cé le chiffre de 1 000 agres­sions par jour, la domes­tique du poli­ti­que­ment cor­rect nous fait part de son cal­cul com­pli­qué pour arri­ver à un résul­tat tota­le­ment dif­fé­rent : non pas 1 000 mais 700 Mon­sieur Zem­mour ! En effet, celui-ci s’est bien trom­pé sur le chiffre : selon les don­nées du Minis­tère de l’Intérieur, on dénombre plus de 2 000 agres­sions annuelles en véri­té. L’occasion pour Nico­las Vidal de conclure : « le fact-che­cking est l’intimidation contre la liber­té d’expression ».

Pour le hui­tième bobard, on a affaire à un fabu­leux « record de vitesse » selon Jules Blai­seau : c’est seule­ment un mois après sa prise de fonc­tion chez France Info que la jeune Lise Vogel est sélec­tion­née. Et pour un bobard qui n’est pas des moindres : niant le grand rem­pla­ce­ment, cette théo­rie com­plo­tiste « d’ex­trême-droite », elle choi­sit les deux seuls contre-exemples de l’imposante étude de France Stra­té­gie pour appuyer son argu­men­ta­tion ! Incroyable performance…

Enfin, c’est Anne-Claire Cou­dray, pré­sen­ta­trice au JT de 20h sur TF1, qui finit en beau­té la parade des can­di­dats. Celle-ci s’est en effet achar­née avec force à nier, face à Marine Le Pen, des pro­pos tenus par Jean Cas­tex sur son même pla­teau quelques mois plus tôt… Selon elle, jamais le Pre­mier ministre n’aurait décla­ré que le vac­cin éli­mi­nait les risques d’attraper le covid. Au seul nom de Jean Cas­tex, les rires moqueurs s’élèvent dans la salle.

La remise des récompenses

C’est main­te­nant le moment de véri­té, puisqu’il s’agit de dépar­ta­ger les concur­rents. Mis­sion déli­cate et cor­sée, menée par Flo­riane Jean­nin et Jules Blai­seau. La France étant une répu­blique démo­cra­tique, c’est au peuple de voter pour son can­di­dat favo­ri. Vox Popu­lo, Vox Dei ! Les deux pré­sen­ta­teurs énu­mèrent donc les neuf jour­na­listes en lice, et les spec­ta­teurs bran­dissent fiè­re­ment leur car­ton pour approu­ver. De ce suf­frage uni­ver­sel res­sortent trois concur­rents : le doc­teur Maboule Gil­bert Deray, la cham­pionne du plu­ra­lisme Del­phine Ernotte et la pro­mo­trice du grand rem­pla­ce­ment Lise Vau­gel. Pour tran­cher entre les trois can­di­dats, Flo­riane Jean­nin pro­pose un applo­di­mètre. C’est sous les « hou­ras » et « vive Lise ! » que la nou­velle recrue de France Info rem­porte avec brio le tro­phée d’or, qui lui sera envoyé sous les meilleurs délais, avec les féli­ci­ta­tions du jury. Puis le Bobard d’argent est remis avec émo­tion à Del­phine Ernotte, pour ses pro­pos bien­veillants sur la presse gou­ver­ne­men­tale. Le doc­teur Maboule se voit donc remettre le Bobard de bronze, c’est une troi­sième place mais il peut se van­ter d’être sur le podium.

La bobardite est de retour pour la XIIIe Cérémonie des Bobards d’Or

Pour conclure cette soi­rée, Jean-Yves Le Gal­lou fait vision­ner la fameuse publi­ci­té de BFM TV qui s’achève par ces mots-phares de la mani­pu­la­tion : « ils ne sont pas can­di­dats, mais ils peuvent vous aider à choi­sir ». C’est l’occasion pour le pré­sident de Polé­mia de résoudre l’équation : « les médias veulent prendre le contrôle poli­tique (…) et rêvent de voler l’élection de 2022 ! ». Les huées de la salle accueillent ces pro­pos. Si pour lui les meilleurs bobards sont « le bobard par occul­ta­tion » ou « le bobard pro­té­gé », c’est bien le « pur bobard » qui est le plus sou­vent de mise. Il prend soin de conso­ler Del­phine Ernotte en la féli­ci­tant pour sa deuxième place, et adresse au public ses conseils : « Votre voca­tion est de déve­lop­per l’esprit cri­tique de vos contem­po­rains (…), vous êtes des soi­gnants des bobar­dites ». Il recom­mande : « soyez des élec­teurs aus­si bien infor­més que pos­sible » pour avril 2022.

Flo­riane Jean­nin assure que cette soi­rée a été une grande réus­site. Si elle a dénom­bré moins de par­ti­ci­pants que l’année pré­cé­dente, à cause des contraintes gou­ver­ne­men­tales, elle a cepen­dant noté un dyna­misme et une ambiance bien plus mani­festes. Une ambiance méri­tée selon Alain, un habi­tué de la céré­mo­nie, qui sou­ligne que, si « les bobards sont aus­si graves les uns que les autres », ils méritent toute leur place sur cette scène. Un évè­ne­ment réus­si auquel il pro­met de reve­nir en 2023.

Pétro­nille, de l’ins­ti­tut libre de journalisme